Thứ Sáu, 27 tháng 12, 2013

Báo cáo tham luận Hội thảo nghiên cứu giảng dạy tiếng Pháp năm 2006 (communication au séminaire de recherche en 2006)



Perspective des didactiques convergentes de la langue maternelle et de la langue étrangère en situation d’apprentissage précoce du FLE
NGUYEN VAN Huan
Responsable de l’enseignement du français
Service de l’Education et de la Formation de Ben Tre
Courriel : nvhuan01@yahoo.fr

Résumé : En situation d’apprentissage précoce de langue étrangère (LE), l’apprentissage de la langue maternelle (LM) serait toujours facilité et renforcé par celui d’une LE. Il existe la transférabilité des compétences  entre les deux langues chez les enfants qui apprennent tôt une LE. Dans de telles perspectives, il serait possible de penser à une promotion des didactiques convergentes de la LM et de la LE aux niveaux de l’élaboration des curricula, des pratiques pédagogiques et de la formation des enseignants.
Le projet de l’enseignement intensif du et en français (EIDEF) qui a démarré en 1994 est mis en œuvre depuis 12 ans dans 19 villes et provinces vietnamiennes. Le dispositif de mise en œuvre de ce projet a constitué une référence pour d’autres expérimentations. En effet, grâce aux expériences tirées de la mise en œuvre du projet de l’EIDEF, un autre projet de l’enseignement précoce de l’anglais a été expérimenté depuis des années dans une dizaine d’écoles primaires à Ho Chi Minh-ville. Ce projet sera bientôt élargi dans d’autres villes et provinces vietnamiennes.
Même si les avantages de l’apprentissage précoce de LE font toujours l’objet d’une controverse, la tendance à introduire l’enseignement d’une LE dans les écoles primaires se voit très nette à l’heure actuelle au Vietnam dans le but de permettre à l’enfant de mieux maîtriser la LE apprise dont il se servira dans son travail ultérieur. Quant au projet de l’EIDEF, les résultats obtenus semblent être satisfaisants :
« Après 10 ans de mise en œuvre et la certification francophone de 6 cohortes de bacheliers bilingues, le bilan montre une stabilisation quantitative des effectifs, 17 500 élèves en 2004 et une indubitable réussite en termes de diplômation et d’intégration dans l’enseignement supérieur : des taux de réussite exceptionnelle aux examens de fin de cursus et aux concours d’entrée à l’université, une intégration universitaire de haut niveau dans les pays francophones et au sein même de l’appareil universitaire national. » (S. Cao, 2004)
En situation de bilinguisme précoce, comme le dit G. Lüdi (2001), les habiletés métalinguistiques des enfants bilingues sont plus avancées que celles de leurs pairs monolingues. Cela signifie une meilleure compétence analytique, mais aussi et surtout un contrôle cognitif supérieur des opérations linguistiques. Cela entraîne des avantages lors de l’acquisition de la littéracie et de meilleures chances de succès scolaires. D’après une analyse quantitative de l’AUF[1] (S. Cao, 2004), les élèves « bilingues » vietnamien-français ont obtenu des succès notables dans les examens de fin de cursus et dans les concours d’entrée à des universités nationales et francophones. L’enseignement primaire du français au Vietnam dans le cadre du projet de l’EIDEF ne peut être considéré comme un véritable enseignement bilingue. Cependant, étant donné que le volume horaire consacré à cet enseignement est très important, à raison de 8 heures par semaine, et qu’il est dispensé dès la 1ère, cet enseignement apporterait des bénéfices à l’élève à qui il est dispensé. La réussite scolaire des élèves « bilingues » serait due, en grande partie, aux avantages apportés par cet enseignement « bilingue ».
Plusieurs auteurs ont avancé des hypothèses sur les avantages de l’apprentissage précoce de LE (G. Lüdi, 2001 ; L. Porcher & D. Groux, 2003), à savoir :
L’exposition des enfants à une seconde langue au début de la scolarité ne serait pas néfaste à leur développement harmonieux. Au contraire, les avantages cognitifs et linguistiques qu’ils en retirent seraient considérables.
L’appropriation d’une seconde langue, voire une troisième langue dans un environnement linguistique riche ne risquerait pas de restreindre la maîtrise en langue première, à condition que celle-ci continue à être parlée et valorisée dans le réseau communicatif de l’enfant.
Il n’y a aucun paradoxe, mais, au contraire, une vérité didactique forte, à soutenir que l’apprentissage de la LM est toujours facilité et renforcé par celui d’une LE. Celle-ci aide en effet l’élève à mieux identifier sa propre langue, à la comprendre plus clairement, à en prendre possession de manière adéquate.
Selon les résultats d’une recherche (V. H. Nguyen, 2005), les élèves « bilingues » vietnamien-français écrivent mieux dans leur LM. Ces avantages seraient dus aux transferts des compétences d’écriture de la LE sur la LM. L’apprentissage précoce de l’écriture en LM permet à l’enfant l’occasion d’enrichir son répertoire lexical en LM, de comparer des faits linguistiques des deux langues, de réfléchir sur les structures des langues apprises, d’acquérir des habiletés textuelles grâce à l’apprentissage en redondance des types de texte, des procédures structurales et textuelles… en deux langues. Il existe donc la transférabilité des compétences d’écriture de l’une sur l’autre chez les enfants qui apprennent tôt une LE. Les transferts de compétences de la LE sur la LM seraient plutôt d’ordre positif. Dans de telles perspectives, ne serait-il pas possible de penser à une promotion des didactiques convergentes de la LM et de la LE ?
Prôner des didactiques convergentes ne signifie point opter pour une uniformisation des deux méthodologies ou pour un assujettissement de l’une à l’autre. L’objectif est d’harmoniser des approches pédagogiques. Parler des didactiques convergentes signifie un investissement en amont de l’élaboration des curricula.
La répartition des fonctions assignées à chaque langue peut se traduire dans les programmes par une complémentarité des objectifs fixés à l’enseignement de l’écriture dans les deux langues, dont certains peuvent être transversaux. Les contenus d’apprentissage, forcément spécifiques, peuvent interférer pour favoriser l’établissement de comparaisons. Un fait grammatical ou textuel peut être élucidé au recours à ce même phénomène dans l’autre système linguistique ou discursif. La nécessité de prendre appui, dans l’enseignement d’une langue, sur le répertoire cognitif et langagier de l’élève et sur les acquis dans une autre langue. Lorsque l’élève accède à la grammaire d’une LE, il est déjà entièrement ou partiellement « grammaticalisé » dans sa LM. Une production écrite dans une langue reprend des schémas narratifs ou des cheminements argumentatifs déjà intériorisés ou appris dans une autre langue.
Le recours au métalangage et le développement progressif d’une conscience métalinguistique semblent de plus en plus revêtir un grand intérêt dans la maîtrise des deux idiomes. Il serait possible de promouvoir l’idée d’un « éveil au langage » (E.-W. Hawkins, 1981 ; D. Moore, 1995) intervenant dès l’école primaire. Cette orientation d’éveil au langage peut constituer une source d’inspiration pour promouvoir la convergence didactique. Celle-ci est susceptible de favoriser une réflexion de l’élève sur la diversité des deux langues à travers des activités d’observation des faits linguistiques et textuels propres à chaque langue, de comparaison, même rudimentaire, entre eux. Cette orientation éducative alimente l’intérêt des élèves pour les langues, suscite des attitudes favorables à leur égard, les aide à diversifier leurs modes d’expression, les amène à d’autres moyens de rendre compte de la réalité, qui ne constituent pas de simples calques de la LM, leur fait prendre, plus généralement, conscience du caractère à la fois arbitraire et systématique des faits de langue et enfin, comme toute activité métalinguistique, consolide leurs acquis dans les deux langues.
La mise en œuvre de ce travail pose deux types de problème. Une première question surgit d’emblée : c’est celle du métalangage. Comment mener ces activités de réflexion sans faire abondamment appel à un métalangage que, de toute évidence, les enfants de l’école primaire ne maîtrisent pas encore ? Il est bien entendu que l’objet des activités d’éveil au langage n’est pas de procéder à une analyse linguistique exhaustive et complexe du fonctionnement des langues, mais de proposer à l’observation certains phénomènes linguistiques et textuels accessibles à de jeunes enfants, présentant un intérêt particulier comme la notion d’accent, les signes diacritiques, l’ordre des mots, la place des anaphores… Il serait possible de gérer cette opération en optant pour des termes relativement simples. Si ces activités se doivent d’être accessibles, elles doivent également présenter un caractère ludique.
Un autre problème se pose, c’est que pour mettre en œuvre des activités d’éveil au langage, le professeur d’école doit être bilingue, en l’occurrence, vietnamien-français. Etant donné que la plupart des enseignants de vietnamien ne connaissent pas le français, il conviendrait que ces activités soient menées, en français et en vietnamien, par les enseignants de français.
Dans les activités de réflexion métalinguistique, il serait souhaitable que les enseignants insistent sur les faits de langue qui existent dans une langue mais pas dans l’autre ou qui apparaissent autrement dans les deux langues dans le but de favoriser des transferts positifs et d’empêcher des interférences qui pourraient être source des erreurs linguistiques chez les enfants. En référence à V. Castellotti (1997, p. 164), il conviendrait pour l’enseignant de français, en partant de la notion d’interlangue, de réfléchir avec les élèves sur le rôle et les significations possibles de leurs erreurs, plutôt que de les corriger. 
Selon les résultats d’une recherche (V. H. Nguyen, 2005), il existe un cloisonnement néfaste des enseignants de vietnamien et de français chargés d’une même classe « bilingue ». D’après les réponses des enseignants enquêtés, il y a souvent l’absence de toute collaboration, de toute coordination entre les enseignants des deux disciplines. L’enseignant de français n’est pas au courant de ce que les élèves apprennent dans le programme du vietnamien en matière de production écrite. Il en est de même pour l’enseignant de vietnamien qui enseigne cette discipline sans se préoccuper du fait que les enfants apprennent à écrire également dans une autre langue, donc du contenu, des objectifs de cet apprentissage. Il s’agit là d’un phénomène étonnant si l’on considère que ces enseignants sont des voisins plus proches, puisqu’ils sont des enseignants de langue, c’est-à-dire ayant pour mission commune et essentielle d’amener l’élève à la maîtrise consciente des systèmes de communication.
Pour mettre un terme au cloisonnement des enseignants des deux langues, il conviendrait d’organiser des types de travail où ceux-ci, en binôme, proposent des activités, en l’occurrence, d’écriture, pouvant se dérouler en LM et en LE. Il ne s’agit pas de mélanger les deux langues, mais plutôt de faire vivre aux enfants, dès l’école primaire, que la LM n’est pas réservée au domaine affectif et relationnel, cependant que la LE deviendrait une langue d’apprentissages scolaires. Il s’agit aussi de prendre en compte les acquis langagiers de l’enfant. Les habiletés à acquérir en LE doivent s’appuyer sur les acquis en LM et celles à acquérir en LM peuvent se baser sur les acquis en LE. Les enseignants doivent s’efforcer de favoriser les transferts, aidant les enfants à les gérer. On peut citer le cas de l’acquisition des types de texte en situation d’apprentissage simultané de l’écriture. La redondance dans l’acquisition des types de texte, notamment des textes narratifs dans les deux langues, permettrait aux enfants bilingues de mieux les approfondir et d’acquérir des habiletés textuelles en deux langues. Pour mettre en œuvre le type de travail en binôme, on peut organiser des projets bilingues, en vietnamien et en français : journaux muraux, slogans, albums, constructions de contes et récits…Tout au long du déroulement de ces projets, les enseignants de LM et de LE interviennent alternativement, mais après s’être mis d’accord sur les séquences à faire en LM et en LE (en dosant et régulant les parts respectives de LM et LE).
Les activités de réflexion métalinguistique permettront aux enseignants traditionnellement isolés dans leurs classes de se rencontrer, de faire cause commune. Elles mettront un terme au cloisonnement et à l’isolement des enseignants des deux langues. Une telle perspective n’est pas sans poser de problèmes. Les deux obstacles majeurs sont le manque de préparation linguistique dans les cours des enseignants et la répugnance de leur part à mettre un terme au cloisonnement traditionnel et à participer à un travail en équipe.
Dans la perspective de la didactique convergente, il conviendrait d’orienter la formation initiale et continue des enseignants, telle qu’elle peut être inspirée par l’approche de réflexion métalinguistique. Il serait souhaitable, en effet, que les enseignants de LE soient sensibilisés à cette approche, en suscitant chez eux, à partir de leur propre acquis en LM comme en LE, une attitude de confrontation, d’ouverture et de découverte.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
CAO S., 2004, « Evolution des programmes d’enseignement du français de 1990 à 2004 », dans Formation du français et en français : évolution et adaptation professionnelles, Actes du séminaire régional Asie-Pacifique du 22 au 26 novembre 2004, Nha Trang, Vietnam.
CASTELLOTTI V., 1997, « Langues étrangères-langue maternelle, mariage d’amour ou de raison ? », dans Didactique des langues étrangères, didactique des langues maternelles : ruptures et/ou continuités ? Les cahiers de l’ASDIFLE n° 8, pp. 158-166.
CASTELLOTTI V., 2001, « Pour une perspective plurilingue sur l’apprentissage et l’enseignement des langues » dans CASTELLOTTI V. (Dir.), D’une langue à d’autres : pratiques et représentations, PUR n° 308, Publications de l’Université de Rouen, pp. 9-37.
NGUYEN VAN Huan, 2005, Appropriation des compétences d’écriture en vietnamien et en français par de jeunes enfants vietnamiens, Thèse de doctorat, DYALANG CNRS FRE 2787, Université de Rouen.
LÜDI G., 2001, L’enfant bilingue : chance ou surcharge ? Article disponible sur Internet, www. romsem.unibas.ch/sprachenkonzept/annexes_8.htlm.




[1] Agence universitaire de la francophonie.

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