Thứ Sáu, 27 tháng 12, 2013

Báo cáo tham luận Hội thảo nghiên cứu giảng dạy tiếng Pháp năm 2005 (communication au séminaire de recherche en 2005)



Appropriation des compétences d’écriture en vietnamien et en français
par de jeunes enfants vietnamiens
NGUYEN VAN Huan
Responsable de l’enseignement du français
Service de l’Education et de la Formation de Ben Tre
Courriel : nvhuan01@yahoo.fr
Résumé : Cet article résume les résultats de ma recherche portant sur l’appropriation des compétences d’écriture en vietnamien et en français par de jeunes enfants vietnamiens dans le cadre du projet de  l’enseignement intensif du et en français (EIDEF) mis en œuvre depuis une dizaine d’années au Vietnam. Cette recherche a été menée dans une école primaire vietnamienne sur deux années consécutives auprès de 37 enfants dans la tranche d’âge de 7 à 10 ans, dont 20 « bilingues » vietnamien-français et 17 monolingues.
Les résultats de cette recherche permettent de confirmer l’hypothèse des effets bénéfiques de transferts des compétences d’écriture en situation de contacts précoces des langues. De plus, ces transferts aideraient l’enfant à mieux écrire dans sa langue maternelle, ce qui entraîne des avantages lors de l’acquisition de la littéracie et de meilleures chances de succès scolaires.
1. Introduction
Le projet de l’EIDEF est mis en œuvre depuis plus de 10 ans dans 19 villes et provinces vietnamiennes. Les résultats de ce projet semblent être satisfaisants. A ce sujet, une question est souvent posée : les succès des élèves « bilingues » sont-ils dus aux bénéfices apportés par l’enseignement « bilingue » ou au fait que ces élèves sont meilleurs puisqu’ils ont été sélectionnés ? Cette recherche, ayant apporté quelques éléments de réponse à cette question, a contribué à confirmer certaines hypothèses sur les bénéfices attendus de l’apprentissage précoce de LE que les élèves peuvent en retirer et qui ont été abordés par plusieurs auteurs.
Un des objectifs importants de ce travail porte sur l’étude du développement avec l’âge des compétences scripturales en LM et en LE chez les enfants « bilingues » par rapport à leurs homologues monolingues en vue de déceler les caractéristiques de ce développement en deux langues.
Pour dégager les avantages de l’enseignement précoce de LE, un autre objectif de recherche a été axé sur le repérage des transferts des compétences d’écriture entre le vietnamien et le français chez les enfants « bilingues ». L’étude des transferts de compétences de la LE sur la LM a été privilégiée pour conforter l’hypothèse que l’apprentissage précoce d’une LE contribuerait à renforcer la LM de l’enfant, notamment sur le plan de l’écriture.
2. Développement de l’acquisition des compétences d’écriture chez les enfants « bilingues » en vietnamien et en français
Plusieurs types d’enchaînement thématique ont été utilisés par les enfants « bilingues » dans l’écriture en français : itération du thème ou du rhème, thématisation du rhème, dérivation du thème ou du rhème. Cependant, les enfants apprentis scripteurs en français dans la tranche d’âge de 7 à 10 ans semblent recourir massivement à la progression thématique du type : itération du thème et thématisation du rhème. La différenciation des types d’enchaînement utilisés serait due au répertoire linguistique de l’enfant scripteur et aux types de texte différents.
Les enfants ont utilisé deux types de procédure anaphorique dans leurs copies, à savoir : les anaphores pronominales et nominales. En ce qui concerne les anaphores pronominales, les pronoms personnels sujets ainsi que les formes possessives et démonstratives sont très largement dominants par rapport aux pronoms relatifs et pronoms personnels compléments. Quant aux relatifs, dans tous les cas, c’est le pronom « qui » qui est utilisé.  Les anaphores nominales observées sont les répétitions, les définitivisations, les référentiations déictiques, les hyperonymes et les nominalisations. Les anaphores pronominales sont plus fréquemment employées que les anaphores nominales.
Les enfants apprentis scripteurs en français ont eu recours à un éventail d’organisateurs textuels plus large : les ancrages déictiques/non déictiques temporels, les organisateurs de coordination, de co-subordination et de subordination.
La subordination « pour » et les organisateurs temporels tels que « aujourd’hui », « un jour », « le matin », « maintenant », « tout à coup » sont repérés dès la 2e (7 ans). Les organisateurs de coordination et particulièrement le « et » apparaissent de manière prédominante dans les copies des élèves de 7 à 10 ans. La subordination est également repérée de 7 à 10 ans et c’est toujours le même organisateur « pour » qui revient.
En référence à certaines études, notamment à celles de C. Dumord (1999) et de M.-A. Akinci (2001), il serait possible de formuler l’hypothèse que le développement de la connectivité chez les enfants « bilingues » vietnamien-français ressemblerait à celui de leurs homologues monolingues français et des autres enfants bilingues. En effet, l’examen des copies d’élèves montre que la coordination diminue alors que la subordination et la co-subordination augmente avec l’âge, que la seule subordination « pour » s’observe dans les copies d’enfants et que la coordination « et » apparaît de manière importante dans la tranche d’âge de 6-7 ans.
2.1.4. Signes de ponctuation
Les signes de ponctuation observés dans les copies en français sont assez diversifiés : les points, les virgules, les deux-points, les guillemets, les points d’exclamation, les points de suspension et les points d’interrogation.
Au niveau orthographique, les erreurs repérées portent sur l’orthographe lexicale relative, pour la plupart des cas, aux homonymes. Ces erreurs pourraient s’expliquer par plusieurs phénomènes, à savoir la conversion des phonèmes en graphèmes et la non-maîtrise des règles de correspondance graphie-phonie du français, la surgénéralisation de l’emploi du français et l’influence du système phonologique du vietnamien.



2.2. Acquisition des compétences d’écriture en vietnamien
2.2.1. Signes de ponctuation dans les copies en vietnamien des deux filières
Les signes de ponctuation se voient plus denses en français qu’en vietnamien, ce qui montre qu’en français, les enfants ponctuent beaucoup plus, produisant ainsi des phrases plus courtes et plus simples. Dans l’écriture en français, les élèves « bilingues » font des phrases courtes et simples du type sujet-verbe-complément d’objet direct ou attribut, des textes elliptiques et courts où les idées sont notamment juxtaposées étant donné leur répertoire linguistique encore limité dans cette 2e langue. Les enfants apprentis scripteurs en français sont encore dérangés par des considérations linguistiques, se préoccupant notamment de l’orthographe et de la correction syntaxique.
La présence des signes de ponctuation est également plus dense dans les copies des élèves « bilingues » par rapport à celles de leurs homologues monolingues. Grâce à la densité importante des signes de ponctuation, les textes des élèves « bilingues » semblent mieux ponctués que ceux des monolingues. Les élèves « bilingues » auraient donc une meilleure compétence textuelle que leurs pairs monolingues, du moins au sujet de l’usage de la ponctuation considérée comme un outil d’ordre structural et textuel en écriture.
2.2.2. Erreurs dans les copies en vietnamien
Les erreurs en vietnamien des élèves « bilingues » et monolingues concernent l’orthographe, la cohérence textuelle et l’usage des signes de ponctuation. On n’observe pas la présence importante des erreurs morphosyntaxiques.
Les élèves « bilingues » font moins d’erreurs d’orthographe et de cohérence textuelle que leurs pairs monolingues. Ils écrivent mieux en vietnamien, produisant des textes mieux ponctués et plus cohérents.
Les élèves « bilingues » font moins d’erreurs d’orthographe en vietnamien que leurs pairs monolingues. Les résultats obtenus de l’analyse des enquêtes réalisées avec les enseignantes et les élèves consolident l’hypothèse que les expériences dans l’acquisition de l’orthographe du français (procédures phonologiques et notamment orthographiques) aideraient les enfants « bilingues » à éviter de faire des erreurs d’orthographe en vietnamien.
Au niveau de la morpho-syntaxe, l’acquisition de la grammaire française aiderait les enfants à mieux produire des phrases vietnamiennes.
C’est grâce aux habiletés métalinguistiques acquises en situation d’apprentissage simultané des deux langues que les enfants « bilingues » comprennent mieux les structures syntaxiques du vietnamien, évitent de faire des phrases agrammaticales et produisent ainsi des phrases syntaxiquement plus correctes en vietnamien.
Les transferts des compétences d’écriture au niveau syntaxique se font du français vers le vietnamien mais aussi dans le sens inverse.
Les transferts du vietnamien sur le français au niveau syntaxique se voient par la présence des erreurs attribuables à l’influence du vietnamien car elles concernent les phénomènes linguistiques qui apparaissent autrement dans les deux langues (invariabilité des mots dans la phrase vietnamienne, différence des concepts de temps verbaux et de l’ordre des mots dans la phrase entre les deux langues, omission des prépositions, des conjonctions, des relatifs, des personnels compléments, des verbes copules dans la phrase vietnamienne…).
La présence très modeste des pronoms personnels compléments dans leurs copies en français serait due au fait que les enfants « bilingues » n’ont pas l’habitude d’utiliser ces pronoms anaphoriques parce qu’ils sont souvent omissibles en vietnamien.
Les élèves « bilingues » apprennent presque les mêmes types de texte dans les deux langues, notamment les textes narratifs, descriptifs et épistolaires, avec un certain décalage dans le temps. Ils ont donc la possibilité de les approfondir, de transférer d’une langue vers l’autre ce qu’ils ont appris en ce qui concerne la structure d’un type de texte donné, les procédures textuelles et structurelles, les notions sous-jacentes.
La présence précoce de la subordination « pour » et de certains organisateurs temporels dès 7 ans permet d’émettre l’hypothèse que les enfants « bilingues » transfèreraient dans l’écriture en français les notions (causalité, but, succession temporelle, etc.) acquises en vietnamien. Il suffit pour eux d’acquérir en français un ensemble des termes sous-jacents à ces notions pour pouvoir les utiliser en fonction des types de texte. C’est grâce à leurs contacts précoces avec des récits tant en vietnamien qu’en français (familiarisation précoce avec les contes et les récits oralisés en vietnamien avant l’âge scolaire, contacts avec les textes narratifs en français dès la 1ère) que les enfants ont acquis des notions sous-jacentes et des termes permettant de les coder pour les réutiliser dans leurs productions écrites en français.
L’usage diversifié des signes de ponctuation dès la 2e par les apprentis-scripteurs en français pourrait s’expliquer par le fait que c’est grâce aux contacts précoces et permanents à l’écrit avec les récits en vietnamien et en français que les enfants auraient acquis les outils structuraux et textuels inhérents à la compétence textuelle. Le moment venu, les enfants transfèreraient dans l’écriture en 2e langue la compétence textuelle acquise en 1ère et inversement.
Les enfants « bilingues » possèdent un répertoire des stratégies plus adéquates en vietnamien qu’en français parce que dans l’écriture en 2e langue, ils ne réalisent pas toutes les étapes du processus d’écriture : ils font très rarement la planification et la relecture, écrivent d’un seul jet et suivent leur imagination en rédigeant ce qui leur vient à l’esprit. Ils ressemblent donc aux scripteurs inexpérimentés en LM.
Si les enfants scripteurs en français ne réalisent pas toutes les opérations dans le processus d’écriture, c’est parce qu’ils ont un répertoire linguistique limité. Le niveau de compétence linguistique affecte la qualité des textes écrits. Si cette compétence est restreinte, elle empêchera le transfert des stratégies d’écriture de la LM à la LE.
4. Conclusion
Les résultats de cette recherche permettent de confirmer l’hypothèse que l’appropriation des compétences d’écriture en vietnamien par les enfants « bilingues » suivrait un développement normal comme celui de leurs homologues monolingues en ce qui concerne le développement langagier, linguistique et cognitif, c’est-à-dire qu’il n’y aurait pas de retards par rapport à leurs pairs monolingues. Cela signifie que l’acquisition de la LM par ces enfants ne serait pas menacée par le contact précoce avec une autre langue.
Les enfants « bilingues » semblent mieux écrire en vietnamien que leurs homologues monolingues parce qu’ils produisent des textes mieux ponctués, plus cohérents, plus riches en idées et en lexique et font moins d’erreurs orthographiques, syntaxiques. Le développement des compétences d’écriture en vietnamien des enfants « bilingues » est plus avancé que celui de leurs pairs monolingues. En effet, en situation de bilinguisme précoce, comme le dit G. Lüdi (2001), les habiletés métalinguistiques des enfants bilingues sont plus avancées que celles de leurs pairs monolingues. Cela signifie une meilleure compétence analytique, mais aussi et surtout un contrôle cognitif supérieur des opérations linguistiques. Cela entraîne des avantages lors de l’acquisition de la littéracie et de meilleures chances de succès scolaires.
Les résultats de cette recherche contribuent à conforter certaines des hypothèses sur les avantages de l’apprentissage précoce de LE avancées par plusieurs auteurs (G. Lüdi, 2001 ; L. Porcher & D. Groux, 2003), à savoir :
- L’exposition des enfants à une seconde langue au début de la scolarité ne serait pas néfaste à leur développement harmonieux. Au contraire, les avantages cognitifs et linguistiques qu’ils en retirent seraient considérables.
- L’appropriation d’une seconde langue, voire une troisième langue dans un environnement linguistique riche ne risquerait pas de restreindre la maîtrise en langue première, à condition que celle-ci continue à être parlée et valorisée dans le réseau communicatif de l’enfant.
- En situation d’apprentissage précoce de LE, il n’y a aucun paradoxe, mais, au contraire, une vérité didactique forte, à soutenir que l’apprentissage de la LM serait toujours facilité et renforcé par celui d’une LE. Celle-ci aiderait en effet l’élève à mieux identifier sa propre langue, à la comprendre plus clairement, à en prendre possession de manière adéquate, c’est-à-dire de l’intérieur et à distance. La réciproque est vraie, dans une certaine mesure : ceux qui maîtrisent le mieux leur LM se trouveraient les mieux placés pour apprendre à se servir d’une LE.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
AKINCI M.-A. & JISA H., 2001, « Développement de la narration en langue faible et forte : le cas des connecteurs », AILE n° 14, pp. 87-110.
DUMORD C., 1999, « Apprentissage des connecteurs et production écrite au CP » dans Lecture et Ecriture à l’école. Tome 1 : cycles 1 et 2, CRDP de Créteil, pp. 89-99.
LÜDI G., 2001, L’enfant bilingue : chance ou surcharge ? Article disponible sur www. romsem.unibas.ch/sprachenkonzept/annexes_8.htlm.
NGUYEN VAN Huan, 2005, Appropriation des compétences d’écriture en vietnamien et en français par de jeunes enfants vietnamien, Thèse de doctorat soutenue à l’Université de Rouen.
PORCHER L. & GROUX D., 2003, l’apprentissage précoce des langues, PUF, Paris, Que sais-je ? 




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