Thứ Sáu, 27 tháng 12, 2013

Báo cáo tham luận tại Hội thảo khoa học ở Bangkok, Thái Lan năm 2011 (Communication au séminaire de recherche à Bangkok en 2011)



Quelles mesures à prendre pour sauvegarder le français au Vietnam ?
Par NGUYEN Van Huan
Directeur-Adjoint du SEF de la province de Ben Tre (Vietnam)


Au Vietnam, les classes bilingues francophones, ayant démarré en 1994, sont mises en œuvre depuis près de 20 ans dans une vingtaine de villes et provinces vietnamiennes.
L’introduction du français dans les écoles primaires a pourtant soulevé beaucoup de débats dans les médias vietnamiens. L’opinion publique n’était pas toujours favorable à cet enseignement qualifié de prématuré.
Cependant, les premières années de la mise en œuvre du Projet ont connu des succès spectaculaires : le nombre de classes  bilingues francophones a augmenté sans cesse d’année en année. Or, depuis quelques années, les parents d’élèves ne portent plus d’intérêt à ce projet. Dans certaines provinces, le recrutement des élèves en classes de 1ère  année du primaire est extrêmement difficile. Cela signifie que ces classes sont menacées d’extinction.
L’introduction d’une 2e langue étrangère dans les écoles  secondaires au Vietnam rencontre aussi des difficultés, parce qu’on a peur d’une surcharge et d’une confusion entre les langues apprises chez les élèves.
Si l’on se réfère à la littérature didactique, on voit bien que plusieurs auteurs ont affirmé les bénéfices du plurilinguisme aux niveaux du développement langagier, linguistique, cognitif et culturel chez l’enfant. 
Selon C. Deprez (1999), pour les enfants qui apprennent une seconde langue plus tard, il y a transfert du savoir langagier acquis avec la première langue dans la seconde et non réapprentissage de toutes ces opérations.
J.-F. Hamers et M. Blanc (1989) posent que l’expérience plurilingue permettrait une meilleure exploitation des habiletés métalinguistiques. 
D. Groux (1996) considère qu’une éducation multilingue précoce permet à l’enfant de pénétrer des cultures, de les comprendre.
En référence au cas des classes bilingues francophones au Vietnam, il est incontestable que la qualité de cet enseignement est bonne par rapport aux autres programmes d’enseignement de langues étrangères mis en œuvre dans les établissements secondaires.
L’enseignement du français LVE2, ayant démarré en 2001 dans une vingtaine de villes et provinces vietnamiennes à partir de la classe de 10e dans le cadre d’un projet d’expérimentation, connaît aussi des succès. En 2001, cette matière a été enseignée à près de 2000 élèves. En 2006, plus de 50000 élèves de collège et de lycée ont choisi d’apprendre le français LVE2.
Cependant, depuis quelques années, l’anglais voit sa part s’accroître d’année en année au détriment des autres langues étrangères. La prépondérance de l’anglais devient un phénomène irréversible. L’anglais risque de devenir l’unique langue étrangère enseignée à l’école.
On constate une baisse des effectifs des élèves apprenant le français. En 2006, le programme bilingue francophone concerne 16627 élèves ; en 2009, le nombre d’élèves bilingues francophones diminue d’environ 3000. Le français LVE2 se voit aussi régresser : 37007 élèves en 2009 par rapport à 50287 élèves en 2006. La régression se voit plus nette en français LV1 : pendant 3 ans, de 2006 à 2009, le nombre d’élèves apprenant ce cursus diminue d’environ 55000.
Le tableau ci-dessous du MEF nous permet de voir la régression du français en 2009 par rapport à 2006 :


Cursus
Total
FLV1
FLV2
FàO
FB
Années
2006
2009
2006
2009
2006
2009
2006
2009
2006
2009
Enseignants
622
280
292
219
59
60
419
336
1382
895
Élèves
85183
28779
50287
37008
1609
1674
16627
13809
153706
81270
Classes
1963
870
1184
930
62
71
619
520
3823
2391
Établissements
245
119
116
106
21
24
112
97
494
346

Cette régression s’explique par plusieurs raisons. Pour les classes bilingues francophones, la mise en œuvre de ce cursus a été faite dans le cadre d’un projet avec beaucoup de soutiens financiers des partenaires francophones. Depuis le départ de l’AUF en 2006, ce programme très innovant s’intègre très difficilement  dans le système éducatif  national vietnamien. Cette intégration difficile se voit dans l’organisation de l’enseignement : programmes, livres, documents, horaires, évaluation, certification..., dans la titularisation difficile d’enseignants, dans la carence constatée d’enseignants de disciplines non linguistiques. Le statut du français LVE2 reste instable, parce qu’il est toujours considéré comme une matière optionnelle, ne faisant pas partie intégrante du système éducatif national. Cependant la raison la plus importante qui fait le maintien et la promotion difficile du français concerne la suprématie de l’anglais. D’où il manque un intérêt et une motivation pour le français chez les acteurs éducatifs, les parents et les élèves. En plus, une absence de concours des partenaires francophones rend extrêmement difficile la promotion de cette langue au Vietnam, que ce soit des moyens financiers ou autres (l’attention est attirée ici sur le problème de refus de visa pour les bacheliers francophones depuis quelques années par le Service de visa au Consulat général de France à Hô Chi Minh-ville).
Vu les états de fait de l’enseignement du français au Vietnam, il serait nécessaire de centrer nos efforts sur ces deux cursus : classes bilingues francophones et de français LVE2. Le français a beaucoup de difficultés dans la concurrence avec l’anglais en tant que LVE1. Donc, l’avenir du français au Vietnam serait la LVE2.
Dans le cadre du Projet d’enseignement de langues étrangères jusqu’à 2020 validé par le Premier Ministre, il est nécessaire d’intégrer le français LVE2 et bilingue dans le système éducatif national du Vietnam pour leur donner un statut stable.
L’information et la communication envers les chefs d’établissements, les SEF et les familles sur les débouchés, sur les avantages de l’enseignement plurilingue doivent être aussi prises en considération pour promouvoir les classes bilingues francophones et de français LVE2. Tant que les gens ne sont pas encore suffisamment informés sur les bénéfices de l’enseignement plurilingue, la promotion du français reste encore très difficile.
Il est aussi important d’affirmer que le maintien et la promotion du français au Vietnam sont bien liés au soutien et concours efficaces des partenaires francophones, notamment de la France, sans quoi, la tâche en question est extrêmement difficile. Il est maintenant temps de sonner l’alarme sur la régression du français et de prendre des mesures pour sauvegarder cette langue.
Références bibliographiques
DEPREZ C., 1999, Les enfants bilingues : langues et familles, CREDIF/Didier, Paris.
GROUX D., 1996, L’enseignement précoce des langues. Des enjeux à la pratique, Editions de la Chronique sociale, Lyon.
HAMERS J.-F. & BLANC M., 1989, Bilingualité et bilinguisme, Pierre Mardaga, Bruxelles.

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