du français au
Vietnam ?
Par NGUYEN Van Huan
Directeur-adjoint du SEF de Ben Tre
Chers collègues, bonjour,
D’abord, je tiens à remercier le comité d’organisation d’avoir accepté ma
communication et de m’avoir permis de présenter lors de ce séminaire le
problème qui m’intéresse portant sur la question : Quels sont les
facteurs favorables à l’enseignement/apprentissage du français au
Vietnam ?
Je me permets de me présenter. Je
travaille actuellement comme vice-directeur du SEF de la province de Ben Tre,
une province dans le delta du Mékong ayant beaucoup de classes de français.
Avant j’étais responsable de
l’enseignement du français au SEF. Maintenant je ne m’occupe plus de manière
directe de l’enseignement de cette langue parce que j’ai beaucoup de
responsabilités en tant que dirigeant du SEF. Pourtant je m’intéresse beaucoup
à l’enseignement du français et j’ai fait tout mon possible pour promouvoir
cette langue.
Depuis quelques années, le français
se voit beaucoup régresser au Vietnam. La
régression se voit plus nette en français LV1. Le nombre d’élèves en FLV2
diminue aussi même si on est presque unanime pour parler de la nécessité, des
avantages du multilinguisme.
Cette régression s’explique par plusieurs raisons. Pour les classes
bilingues francophones, la mise en œuvre de ce cursus a été faite dans le cadre
d’un projet avec beaucoup de soutiens financiers des partenaires francophones.
Depuis le départ de l’AUF en 2006, ce programme très innovant s’intègre très
difficilement dans le système
éducatif national vietnamien. Cette
intégration difficile se voit dans l’organisation de l’enseignement :
programmes, livres, documents, horaires, évaluation, certification..., dans la
titularisation difficile d’enseignants, dans la carence constatée
d’enseignants de disciplines non linguistiques.
Quant au français 2e
LVE, son statut reste instable, parce qu’il est toujours considéré comme une
matière optionnelle, ne faisant pas partie intégrante du système éducatif
national.
Cependant la raison la plus
importante qui fait le maintien et la promotion difficile du français concerne
la suprématie de l’anglais. D’où il manque un intérêt et une motivation pour le
français chez les acteurs éducatifs, les parents et les élèves.
En plus, une diminution de concours des
partenaires francophones rend extrêmement difficile la promotion de cette langue
au Vietnam..
En 2008, l’Ambassade de France au Vietnam a
collaboré avec le MEF du Vietnam pour organiser une enquête auprès des SEFs sur
l’enseignement du français au Vietnam. L’enquête a pour objectifs de:
·
dresser un état des lieux de
l’enseignement du français au Vietnam ;
·
consulter les SEFs et connaître
leurs intentions ;
·
trouver ensemble des stratégies et
des mesures pour développer
l’enseignement du français.
Selon le
rapport sur les résultats de l’enquête, on peut constater quelques facteurs
favorables à l’enseignement/apprentissage du français au Vietnam comme suit :
·
Emploi avec le français :
23,37% ;
·
Etudes en francophonie :
15,16% ;
·
Relations
Vietnam/francophonie : 13,38%.
Le rapport
renseigne également sur les actions prioritaires pour
renforcer l’enseignement du français au Vietnam :
·
Diffuser plus d’informations
(cursus, formations, emploi) : 60% ;
·
Améliorer la communication :
38% ;
·
Encourager les partenariats entre
établissements : 38% ;
·
Fournir plus de supports
pédagogiques : 36%.
Le rapport
a fini par poser quelques problématiques sur l’enseignement/apprentissage du
français au Vietnam dans l’avenir, dont quelques-unes nous préoccupent beaucoup
et restent sans réponse:
·
Comment préserver le corps
d’enseignants de français dans une province ?
·
Quelles sont les conditions
propices au développement du français ?
Une autre enquête menée par le SEF de Ben
Tre en 2011 auprès des directeurs d’établissements scolaires sur l’enseignement
du français dans cette province.
Selon les
enquêtés, les difficultés dans l’ouverture des classes de français sont les
suivantes :
·
Les parents d’élèves préfèrent
mettre leurs enfants dans les classes d’anglais ;
·
Le programme officiel est chargé,
les élèves n’ont plus de temps pour apprendre le français LVE2 ;
·
Beaucoup d’établissements manquent
de salles pour ouvrir les classes de français LVE2;
·
Les débouchés du français ne sont
pas assez larges ;
·
Il manque des informations sur
l’utilité de l’apprentissage du français ;
·
Peur d’influer négativement sur l’apprentissage
des autres matières, surtout en l’année de terminale où les élèves doivent
préparer les examens de fin d’études secondaires.
A partir des résultats sus-cités, je pense aux
facteurs favorables à l’enseignement du
français au Vietnam, que, nous tous, les partenaires francophones, nous devons prendre
en considération si nous voulons relancer le français au Vietnam.
1. Le rôle de l’information et
de la communication : Comme sus-mentionné,
selon l’enquête auprès des SEFs, 60% des enquêtés (le pourcentage le plus
élevé) proposent comme actions
prioritaires pour renforcer l’enseignement du français une mesure
concernant la diffusion de plus d’informations. Il faut donc mettre l’accent
sur le rôle de l’information. L’information
et la communication envers les chefs d’établissements, les SEFs et les familles
sur les débouchés, sur les avantages de l’enseignement plurilingue doivent être
aussi prises en considération. Tant que les gens ne sont pas encore
suffisamment informés sur les bénéfices de l’enseignement plurilingue, la
promotion du français reste encore très difficile.
2. Le
choix du cursus de français à enseigner au Vietnam : Nos ressources, que ce soit
financières ou autres, sont limitées face à la suprématie de l’anglais. Il
faudrait centrer nos efforts sur le cursus de français LVE2. Le français a beaucoup de difficultés dans la concurrence avec
l’anglais en tant que LVE1. Au lieu d’éparpiller nos efforts, qui restent très
limités (l’Ambassade soutient les classes bilingues, l’OIF prend en charge les
classes de FLVE2), il serait mieux de concentrer nos efforts sur les classes de
FLV2 qui serait, à mon avis, l’avenir du français au Vietnam.
3. La
préparation pour la période après 2015 : Le Vietnam est en train de mettre en
œuvre le Projet de réforme radicale et sous tous les aspects de l’éducation du
Vietnam. Dans le cadre de ce Projet, après
2015, avec l’introduction des nouveaux référentiels d’études et manuels dans
l’enseignement général, il serait possible que l’apprentissage des deux langues
étrangères soit obligatoire. A ce moment-là, le français comme 2e
langue étrangère aura une place officielle dans le système éducatif national du
Vietnam. Comment donc préserver le corps d’enseignants de
français pour les années après
2015 si actuellement on ne s’intéresse pas à ces enseignants qui n’ont pas
de classes pour enseigner ?
4. L’investissement de la
France au Vietnam : Selon la réponse des
enquêtés, comme nous pouvons le constater ci-dessus, les facteurs propices à la
promotion du français au Vietnam consiste dans l’aspect réaliste du problème,
c’est que les élèves choisissent d’apprendre une langue étrangère pour trouver
un emploi avec cette langue (23,37% des enquêtés) et pour étudier en
francophonie (15,16% des enquêtés). Les pays francophones, surtout la France
doivent renforcer leur présence au Vietnam, en intensifiant leur
investissement, leurs coopérations avec le Vietnam et d’autres pays
francophones dans la région. Actuellement, il y a les coopérations
décentralisées à promouvoir. Au Vietnam, actuellement, il y a 27 villes et
provinces vietnamiennes ayant les coopérations décentralisées avec la France.
C’est une des mesures importantes contribuant à la promotion du français dans
chaque ville et province au Vietnam.
5.
Le soutien des partenaires francophones : Il est aussi important d’affirmer que
le maintien et la promotion du français au Vietnam sont bien liés au soutien et
concours efficaces des partenaires francophones, notamment de la France, sans
quoi, la tâche en question est extrêmement difficile.
Abordant
les états de fait de l’enseignement du français au Vietnam, je n’ai pas
l’intention de brosser un tableau très triste de l’enseignement du français au
Vietnam, mais il faut reconnaitre la réalité telle qu’elle existe.
Par
cette communication, je voudrais soulever le problème de la régression de
l’enseignement du français au Vietnam actuellement et attirer votre attention
sur ce problème et de là vous proposer de déployer nos efforts communs, de
réfléchir sur les facteurs favorables à l’enseignement/apprentissage du
français au Vietnam.
Je
vous remercie de votre attention.
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